l'artiste qui murmure à l'oreille des protocoles
Artiste plasticien et photographe basé à Lyon, LeGraphistographe (Bertrand Mouret) explore depuis plus d’une décennie les territoires sensibles où se croisent l’humain, le posthumain, le corps, la machine et l’imaginaire. Son travail, à la lisière du réel et de la spéculation visuelle, mêle photographie, peinture digitale, retouches manuelles et intelligence artificielle dans un processus de transfiguration singulier. De ses premières séries en noir et blanc au plus intime de l’émotion humaine, jusqu’à ses compositions contemporaines mêlant cyborgs féminins, fétichisme et cyberpunk éclaté, son œuvre trace une trajectoire cohérente, hybride, traversée par les mutations du regard et du désir.
Son style visuel, immédiatement reconnaissable, s’appuie sur un traitement pictural fragmenté, des textures éclaboussées, une composition souvent centrale et sculpturale, empruntant autant à la peinture qu’à la photographie de mode, au manga cybernétique, au cinéma de science-fiction ou à la culture queer. Figures féminines transfigurées, corps augmentés, fétiches technologiques, protocoles esthétiques dévoyés : ses créations sont autant de mythologies contemporaines où se rejouent les enjeux de domination, de sensualité, de genre, de pouvoir et de résilience.
Inspiré par des références aussi variées que Blade Runner, Ghost in the Shell, Tim Burton, les mangas érotiques japonais, les poupées Barbie ou encore les récits bibliques, LeGraphistographe interroge les limites de l’identité, du sacré et du simulacre. Son utilisation de l’IA ne se limite jamais à la génération d’images : elle constitue un point de départ, une matière première qu’il déstructure, retouche, violente parfois, pour lui redonner une chair sensible, une émotion. Il s’agit d’un acte de relecture, d’appropriation et de réécriture visuelle.
Parmi ses séries emblématiques : L’Ère des Transmutations, exploration spéculative des nouvelles figures du sacré à l’ère technologique. Les Nymphes Numériques, manifeste cyber-sensuel d’une rébellion féminine algorithmique. Technofétiches, galerie de corps-machines fétichisés, dérangeants et hypnotiques. Doll Error, relecture glitchée et cyberpunk de l’imaginaire Barbie. Et plus récemment, Faire Hommage, série photographique intime en noir et blanc, hommage à la mémoire, à la perte, à l’amour.
Nommé à plusieurs reprises au Luxembourg Art Prize (2021, 2022, 2023, 2024), LeGraphistographe poursuit un chemin artistique singulier, où chaque image devient le lieu d’un basculement — entre chair et pixel, mémoire et invention, beauté et désordre. Bienvenue dans un univers où le futur est déjà un souvenir.